FÊTE DE LA FORÊT



Saint-Albin

Saint-Albin

Evêque d'Angers durant 21 ans, Saint Albin est vénéré chaque année à Thiescourt.

Chaque année, le 1er dimanche de mars, les Pèlerins se pressent nombreux autour de la chapelle dressée dans les bois, à 3 kilomètres du village de Thiescourt dans un lieu enchanteur appelé « Petite Suisse ».

Sans doute peu d'entre eux connaissent l'origine de ce pèlerinage ; aussi avons- nous pour eux puisé dans un recueil de la vie des Saints et parmi les notes établies par Monsieur le Chanoine Fromont, ancien chapelain de Sainte-Anne de Chiry-Ourscamps de 1924 à 1959 et qui, pendant de longues années, fut prédicateur de la neuvaine de Saint Albin.

Depuis de longs siècles, les reliques de Saint Albin étaient déposées à la cathédrale de Noyon avec celles des Saints noyonnais. L'Eglise de Chiry possédait également une relique de Saint Albin et c'est d'ailleurs le chanoine Fromont qui, avec l'autorisation de l'Evêché, remis une parcelle de la relique de ce Saint, à la paroisse de Thiescourt.

Origine du pèlerinage

Statue de Saint-Albin

Au moment des guerres de religion, les ossements des saints de la cathédrale de Noyon furent confiés aux religieux Augustins qui, à l'époque, avaient une retraite cachée dans les bois de Thiescourt et conservés à l'abri du vandalisme ; ceux de saint Albin y furent protégés et c'est au XVème siècle que la chapelle devint un lieu de pèlerinage.

Une crypte avait été creusée sous la chapelle (les gens du pays l'appellent encore la cave). Là, les ossements étaient vénérés par les fidèles.

Une vieille statue de bois, à l'effigie de ce Saint, datant du XIVème siècle, y était aussi placée ; les jeunes gens et jeunes filles désireux de se marier dans l'année y venaient piquer des épingles.

Les fidèles invoquaient également Saint Albin pour guérir de la fièvre.

Détruite pendant la guerre 1914-18, la chapelle fut reconstruite en 1924 ; elle sert, nous l'avons dit, de lieu de pèlerinage, le 1er Dimanche de mars qui est le jour d'ouverture de la neuvaine dédiée à Saint-Albin.

La vie du saint

Revenons quelques siècles en arrière dans l'histoire et au Vème siècle (il y a près de 1500 ans) nous retrouvons la vie exemplaire de piété et de renoncement du Saint.

Albin naquit vers 470 en Basse-Bretagne, au village de Languidic, du diocèse de Vannes, d'une très noble famille chrétienne, possédant de grands biens.

Loin de se laisser tenter par les biens de la terre, Albin, très jeune encore et contre le gré de sa famille, se retire au monastère de Natilly près de Saumur, où il devint le plus humble et le plus obéissant des religieux.

Il prenait un plaisir singulier aux actions les plus basses et les plus méprisées et mâtait sa chair pour la mieux soumettre à l'esprit, par des veilles, des abstinences, de longes prières et par d'autres semblables mortifications.

Dieu fit paraître dès son noviciat, combien cette conduite lui était agréable, par une faveur : lors d'un soir, une si grande pluie tomba sur le corps de logis, où il s'était réfugié avec d'autres personnes, qu'elle en perça le toit et le creva de toutes parts, de sorte que les occupants n'étaient pas moins mouillés que s'ils se trouvaient en pleine campagne ; seul Saint Albin demeura sec, sans qu'il tomba une seule goutte d'eau sur ses habits : « la pluie, dit l'historien, n'osant le toucher par respect pour l'ardeur de sa foi qui embrasait son c'ur. ».

Abbé de son monastère

Ses rares vertus le firent élire abbé de son monastère en l'année 504 ; il se conduisit, en cette nouvelle charge, avec tant de prudence, qu'unissant la sévérité à la douceur, il rétablit enfin la discipline régulière au plus haut point qu'on le pouvait souhaiter pour la gloire de cette maison.

Une si brillante lumière ne pouvait rester cachée dans son cloître, aussi, Albin ayant exercé la charge d'abbé de son monastère pendant 25 ans, fut élevé par les mérites à un degré plus éminent pour éclairer l'église.

La ville d'Angers, après la mort du 11ème évêque de ce siège, demanda Albin pour lui succéder ; il résista d'abord à cette élection, prétextant de son incapacité, qu'il prétendait être très grande ; mais suivant la volonté de Dieu, il accepta cette charge en 529 et employa aussitôt les grandes richesses de la grâce que son âme avait acquise en une si longue solitude.

En 529 il fût sacré par Saint Melaine, évêque de Rennes et Albin devint le 12ème évêque d'Angers.

Saint-Albin Evêque

Vitrail Saint-Albin

Moine exemplaire, abbé sans reproche, en ce nouveau terrain d'apostolat, Albin fit le don total de lui-même soutenu par le plus grand zèle pour le salut des âmes.

Il se plaisait à dire cette maxime et la mettait en pratique :
« L'âme n'a pas moins besoin d'une réfection quotidienne que le corps de sa nourriture journalière. »

Son ministère épiscopal est aussi complet en variété qu'en perfection, il prend un soin admirable des pauvres, visite les malades, les prisonniers, il console les affligés.

Mais une classe de malheureux fixa surtout son attention : ce furent les infortunés chrétiens tombés dans l'esclavage à la suite des invasions barbares.

Pour les racheter, Albin employa toutes ses ressources ainsi que toutes les libéralités des fidèles.

Puissant sur les vivants, il le fut également sur les morts ; il ressuscita un enfant. Un de ses serviteurs décédé en son absence ne put être emporté vers la tombe tant que l'évêque ne lui eût pas donné sa bénédiction.

Ce ministère ardent de l'évêque Albin ne se déroula pas que dans la facilité accrue par les miracles ; il ne craignait pas de s'attaquer aux abus, même chez les grands, les seigneurs.

Participant avec autorité au 3ème concile d'Orléans (536), il se dressa contre un seigneur, marié contre la loi de l'Eglise ; avec une proche parente.

Les autres évêques demandèrent à Albin plus de modération et ce dernier fit cette réponse « Dieu est assez puissant pour soutenir la cause dont vous refusez de prendre la défense. »

Peu après, le seigneur coupable était frappé de mort subite.

La mort du saint

Cependant, lui qui s'était jugé indigne d'être évêque, malgré sa grande fidélité au devoir, il se jugea encore trop faible pour soutenir la juste cause de Dieu et c'est alors qu'il entreprit le voyage d'Arles (300 lieues) pour y consulter Saint Césaire, archevêque et savoir de lui ce qu'il fallait faire pour expier les fautes dont il se jugeait coupable.

On ne sait quel avis il reçut de saint archevêque, mais dès son retour dans son diocèse, triste, épuisé par les fatigues de sa charge et les difficultés d'un tel voyage, il rendit son âme à Dieu, le 1er mars 549, laissant après lui un souvenir éternel de ses vertus et un immense regret à tout son peuple de perdre un si bon père et un si digne prélat ; il avait été évêque 21 ans 6 mois.

Son corps fut solennellement inhumé dans une chapelle de l'église de Saint Maurille. Quelques temps après, Saint Germain, évêque de Paris, se trouvant à Angers avec d'autres prélats de la province résolut de tirer son corps de ce lieu et de le transporter dans une église érigée en son honneur.

Il fut porté dans une allégresse générale de toute la ville. Cette translation devait donner lieu à plusieurs miracles : trois paralytiques furent guéris et deux aveugles retrouvèrent la vue.

Beaucoup d'église ont été bâties en l'honneur de Saint Albin et quantité de bourgs et villages portent son nom.

(article du Progrès de l'Oise du 9 mars 1963)



© Les Amis de Saint-Albin - 1964 ©